Relire… Les Confessions – 15

Augustin d’Hippone

Relire… Les Confessions – XV

Je ne vois pas comment ma mère aurait pu guérir si ma mort dans ces conditions avait transpercé les entrailles de son amour. Tant de prières précipitées, ininterrompues. Pour aller où? Vers Toi ou nulle part. Mais Toi, Dieu de compassion, Tu aurais repoussé le coeur broyé et battu d’une veuve chaste et réservée, toujours charitable, qui se pliait aux désirs de Tes saints, ne laissait pas un jour passer sans apporter ses offrandes à Ton autel, et deux fois par jour, matin et soir, se rendait toute affaire cessante à Ton assemblée, non pour écouter des fables vides ou des ragots de vieilles, mais pour Tes paroles?… Et pour que Toi, Tu écoutes ses prières.

Ses larmes ne demandaient pas de l’or ou de l’argent, rien de précaire ou de volatil, mais la délivrance de l’âme de son fils. Et Toi, de qui elle tenait ce qu’elle était, Tu l’aurais méprisée et rejetée sans lui venir en aide? Certainement pas, Seigneur. Oui, Tu étais bien là et Tu as tout entendu. Tu as agi comme Tu l’avais décidé et prévu. Impossible que Tu la déçoives par Tes visions et Tes réponses – celles dont j’ai déjà fait mémoire et les autres. Elle les gardait dans la confiance de son coeur, et Te les ressortait toujours dans ses prières comme s’il s’agissait d’écrits de Ta main.

Ton amour est pour toujours. Par Tes promesses, Tu acceptes d’être encore le débiteur de ceux dont Tu effaces les dettes.

Saint Augustin, Les aveux / Les confessions (P.O.L, 2013)

image: Saint Augustin et le mystère de la sainte Trinité, Eglise catholique du Tarn / France (catholique-tarn.cef.fr)

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