Morceaux choisis – 738 / Jean-Alexandre de l’Agneau

Jean-Alexandre de l’Agneau

Désolé, mais je n’ai pas le temps! Combien de fois par semaine entendons-nous cette déclaration ou la disons-nous nous-mêmes? Dieu, Lui a tout son temps. Il est lent à la colère, plein d’amour et de vérité (Ps 85,15). Le Seigneur est toujours disponible pour prendre le temps qu’il faut avec nous; Il sait nous attendre patiemment. Il ne se précipite pas comme nous le ferions pour séparer le bon grain de l’ivraie; Il attend. Dieu attend car Il espère. Il espère car Il sait que Son action puissante peut tout transformer dans nos vies, de sorte que l’ivraie n’étouffe plus le bon grain, et peut-être même que l’ivraie se transforme en bon grain.

Mais qu’est-ce donc au fond que la patience? Etre patient comme Jésus, c’est peut-être prendre le temps comme on prend sa croix. Nous ne supportons plus aujourd’hui les temps morts où il ne se passe rien en apparence; ou ces temps où il nous faut attendre ou vivre une expérience de souffrance. Nous voulons tout de suite arriver à la solution et régler les problèmes pour échapper aux expériences douloureuses ou inconfortables.

La voie ouverte par Jésus est celle qui désamorce la violence de l’intérieur des cœurs. Lui qui a été la victime innocente de l’impatience des hommes nous montre que le Royaume commence quand nous consentons à patienter par amour. Et ainsi cet acte qui ressemble à une graine de moutarde peut progressivement devenir un arbre qui donne vie autour de nous. Mettre un peu de patience dans une situation tendue c’est y enfouir le levain de l’amour. C’est un long et difficile apprentissage, avec beaucoup de chutes. Mais ces petites victoires n’ont pas de prix pour l’établissement de la paix des cœurs. Apprenons par exemple à vivre ce mystère de la patience dans la prière. Quand il nous semble que rien ne se passe, que nous ne sentons rien ou que notre méditation semble creuse, souvenons-nous de ces paroles: Nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables (Rm 8,26). Le premier acteur de la prière, ce n’est pas nous mais c’est l’Esprit de Jésus qui œuvre en nous et nous transforme. Apprenons dans la prière à entrer dans la profondeur tandis que l’impatience est souvent le signe que nous vivons à la périphérie de nous-mêmes.

Quand nous arriverons devant le Seigneur et que nous découvrirons dans le Face à Face à quel point Il nous a attendu et a été si patient avec nous, nous serons heureux de Lui offrir nos petits actes de patience. Seul l’amour reçu du Cœur de Jésus dans la prière nous aidera à incarner cette patience, non par volontarisme, mais par l’œuvre de l’Esprit en nous. Puissions-nous repérer les lieux de nos impatiences et les offrir à Dieu, en posant sur eux, comme Jésus, un regard d’espérance.

Jean-Alexandre de l’Agneau, Croire en la patience de Dieu / extraits (carmel.asso.fr)

image: http://hdwall.us

Print Friendly, PDF & Email

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications