Chemins de la contemplation – 29

Yves Raguin

Chemins de la contemplation – XXIX

Le saint, celui qui a percé, a d’abord exploré à la lumière de Dieu les profondeurs de son âme. Il y est descendu dans un abîme de nuit et de mort, jusqu’au jour où la lumière divine a tout éclairé en le purifiant de lui-même. Il a compris, à cette lumière, comment, tout en étant le fruit de cette longue lignée d’ancêtres qui l’a porté, il tient finalement à Dieu par un lien plus intime encore. C’est ce lien qui le rend capable de s’orienter totalement vers son Dieu. Libre d’une liberté parfois précaire, mais très réelle, il peut aller à Dieu directement au travers de toutes les contingences. Il remonte ainsi le chemin de la création au créateur. Il fait l’expérience première et fondamentale de la créature qui saisit l’acte premier du créateur, l’acte d’amour qui a donné l’être à tout ce qui existe.

C’est ce grand amour que le saint cherche à saisir. Quand il l’a saisi à sa source, au-delà des manifestations de l’amour charnel et spirituel, il ne peut plus aimer que d’un amour universel. Ce n’est pas un amour abstrait, mais un amour terriblement exigeant et concret. Ce n’est pas non plus un amour uniforme et passe-partout, car, tout en aimant d’un amour universel, il sait aimer d’un amour personnel et unique ceux que Dieu a liés à lui d’un lien plus particulier. Cet amour doit être taillé aux dimensions et profondeurs de l’amour de Dieu. Or Dieu aime Ses créatures d’un amour qui les embrasse toutes et les touche à une telle profondeur que Lui seul en connaît le secret…

Mais le saint, en Dieu, peut y accéder…

Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)

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