Chemins de la contemplation – 23

Yves Raguin

Chemins de la contemplation – XXIII

Dieu n’est pas la présence pure, ni la flamme ardente… car rien ne peut L’exprimer parfaitement. Il n’est jamais ce que je vois, jamais ce que je touche… et en ce que je vois, je Le vois, en ce que je touche, je Le touche. Ma foi illuminée par la grâce divine Le touche et Le voit. Et ce contact est vrai, vraie cette vue, vraie cette rencontre. Je n’en puis douter. Dieu fait tout pour que je  ne puisse pas en douter. J’en douterai peut-être plus tard… mais maintenant, comment en douter?

Dieu est toujours au-delà de ce qu’Il montre de Lui-même. Si haute que soit la connaissance mystique, il en est toujours ainsi. Si une âme l’oublie, elle s’attache à ce qu’elle sait de Dieu. Elle veut en prendre possession, comme un bien acquis pour toujours. Illusion. Combien perdent leur temps à étreindre des fantômes… ces signes de Sa présence auxquels l’âme s’attache plus qu’à Dieu.

Dieu reste bien au-delà de toute perception, de toute étreinte. Ce Dieu que je puis nommer n’est pas Dieu, ce Dieu que je puis étreindre n’est pas le vrai Dieu. Dieu n’est jamais saisi dans un temps d’arrêt… Il est l’astre qui fuit et qu’il faut suivre sans jamais pouvoir s’arrêter. La connaissance de Dieu est un perpétuel mouvement… dans le jamais, jamais, se trouve le secret du toujours, toujours… il en sera ainsi jusque dans la vision béatifique. Alors il n’y aura plus de pesanteur pour les âmes; elles iront dans la découverte de Dieu à la vitesse infinie de la révélation de l’amour divin… Ce ne sera un repos que dans ce mouvement infini de découverte du mystère divin… Ce sera la grande lumière.

Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)

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