Chemins de la contemplation – 20

Yves Raguin

Chemins de la contemplation – XX

Ce serait tout simple si l’homme n’était pas homme et si Dieu n’était pas Dieu. L’homme n’accepte pas si facilement de se perdre pour se donner tout à Dieu. Car c’est bien ce que l’homme ressent quand il se sent perdre le contrôle de lui-même, quand il est devenu conscient de l’emprise grandissante de Dieu sur son âme. Il n’est pas toujours disposé à accepter sans lutte l’irruption de Dieu dans sa vie. Il sait que cette irruption de Dieu dans sa vie va ravager cet équilibre humain qu’il a construit à force de patience et auquel il tient tellement. Jusque-là, Dieu lui avait donné la fierté de son autonomie. Maintenant, Il lui demande de la fondre dans une union plus haute et plus intime.

Dieu ne peut pas ne pas être pour l’homme un tourment. L’homme est homme, limité, borné, normalement fermé en ses horizons… et Dieu doit faire craquer les murs de cet univers. Les saints ont senti une angoisse à l’approche de Dieu… Et puis, Dieu est tellement autre que nous… 

Il ne brise pas l’âme pour le plaisir de lui rompre les os. Il ne veut que rendre possible cette liberté dont l’âme doit jouir pour être capable de recevoir dans la joie toute action divine en elle. Ce qui brise l’âme n’est rien d’autre que l’amour de Dieu qui veut en face de Lui, comme partenaire de Son amour, un être aussi libre que lui… si jamais cela est possible à l’homme.

Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)

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