Chemins de traverse – 656 / Jacques Prévert

Jacques Prévert

Il y a trop de bruit sur ma planète
On n’entend plus les chants d’amour, les chants joyeux,
On n’entend pas non plus
L’ouragan qui nous guette,
Les petits humains sont sourds au chant des cieux
 
Il y a tant de bruit sur ma planète
Que là-haut dans le ciel,
Les astres sont soucieux
Et les anges ont beau souffler fort dans leurs trompettes
Les petits humains sont bien orgueilleux…
 
Des visiteurs venus d’ailleurs
Nous interpellent,
Nous disant du bout de l’aile,
N’ayez pas peur, cessez un peu ce tintamarre
Et courez dire au monde entier
Que ce vacarme a trop duré
Que les étoiles n’aiment pas ces histoires
 
Il y a trop de bruit sur ma planète
Les dauphins les baleines voudraient pour être heureux
S’élancer dans le ciel, fuir avec les mouettes
Trouver dans la lune un autre grand bleu
 
Des messagers nous ont lancé
Sans faire de bruit
Plus d’un appel dans la nuit
Pour demander sans plus tarder
A tous les enfants
D’avertir le monde entier
Qu’il serait temps de s’arréter
Pour écouter la parole des poètes…
 
Il y a trop de bruit sur ma planète,
Que là-haut dans le ciel les astres sont soucieux,
Il y a trop d’humains qui n’en font qu’à leur tête
Quand on voudra bien, ça tournera mieux
Quand on voudra bien, ça tournera mieux…

Jacques Prévert, L’opéra de la lune (Naïve, 2011)

 

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