Chemins de la contemplation – 9

Yves Raguin

Chemins de la contemplation – IX

Celui qui médite ne peut rester dans ses propres pensées, il faut qu’il se hausse à chaque instant au plan des pensées divines. Peu importe qu’il parcoure un livre en laissant surgir les unes après les autres les idées qui lui viennent de la lecture, ou qu’il médite sans avoir recours à un livre, en suivant le fil tendu des pensées que lui suggère le mystère: le point d’appui est semblable. Le fond de la méditation est une contemplation de l’esprit, mais plus ordonnée et plus structurée. Il existe aussi une forme de prière qui ne met plus tellement en jeu la faculté de raisonner ou de considérer intellectuellement, mais la possibilité qu’à l’homme de voir, d’entendre, de sentir, de toucher les réalités spirituelles. C’est déjà une contemplation.

L’âme y va parfois naturellement dès qu’elle commence à chercher Dieu. Elle ne peut prier autrement. Elle n’a que faire de considérations, réflexions, raisonnements. Elle voit, elle goûte. Elle ne peut faire autre chose.

D’autres âmes n’en arrivent là qu’après avoir longtemps pratiqué la méditation. Un jour est venu où elles n’ont plus trouvé aucun goût à ces méditations qui les nourrissaient autrefois. Désormais, elles se contentent de goûter une vérité, de la savourer. Elles peuvent rester des jours et des semaines occupées du même mystère. Elles sont entrées dans la voie de la contemplation. Qu’elles y restent et y progressent en paix.

Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)

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