Chemins de traverse – 731 / François Mauriac

François Mauriac

Le beau temps est un préjugé de la jeunesse. Pour le vieil homme, le temps ne saurait plus être beau ni mauvais, il est le temps dont la trame lui paraît sans prix, qu’elle soit pénétrée de rayons ou ténébreuse: chaque fil en reste précieux. Le moindre visage disparu que notre mémoire y projette suffirait à nous le rendre cher. Mais même sans aucune figure projetée et sans que les morts y apparaissent, il garde à nos yeux cette gloire d’être le temps des hommes, notre temps à nous, celui dans lequel le destin que nous aurons vécu parmi des millions d’autres, s’est inscrit.

François Mauriac, Mémoires intérieurs, suivi de: Nouveaux mémoires intérieurs (coll. GF/Flammarion, 1993)

image: François Mauriac amoureux – Auprès de sa future épouse, Jeanne Lafon (deslettres.fr)

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