Seigneur, apprends-nous à prier – 9

Benoît XVI

Seigneur, apprends-nous à prier – IX

Quel est le sens de la prière de Jésus, de ce cri qu’Il lance vers le Père: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (Mt 27, 46). Est-ce un doute sur Sa mission, sur la présence du Père ? Les paroles que Jésus adresse au Père sont le début du psaume 22, dans lequel le psalmiste exprime à Dieu la tension qu’il vit entre le sentiment d’être laissé seul et la certitude de la présence de Dieu parmi son peuple. Le psalmiste prie ainsi: Mon Dieu, le jour j’appelle et tu ne réponds pas, la nuit, point de silence pour moi. Et toi, le Saint, qui habites les louanges d’Israël! (Ps 22, 3-4). Le psalmiste parle d’un cri pour exprimer toute la souffrance de Sa prière devant Dieu qui est apparemment absent: dans les moments d’angoisse, la prière devient un cri. 

Et c’est aussi ce qui se passe dans notre relation avec le Seigneur: dans les situations plus difficiles et douloureuses, quand il semble que Dieu n’entende pas, nous ne devons pas craindre de Lui confier tout le poids qui pèse sur notre cœur, nous ne devons pas avoir peur de Lui crier notre souffrance, nous devons être convaincus que Dieu est proche, même si, apparemment, Il se tait.

En répétant, sur la croix, les paroles du psaume: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? – en criant les paroles du psalmiste, Jésus prie au moment du refus ultime des hommes, au moment de l’abandon; Il prie mais, avec le psaume, dans la conscience de la présence de Dieu le Père, même en cette heure où Il ressent le drame humain de la mort. Mais nous pouvons nous demander alors: comment est-ce possible qu’un Dieu aussi puissant n’intervienne pas pour arracher son Fils à cette épreuve terrible? Il est important de comprendre que la prière de Jésus n’est pas le cri de désespoir de quelqu’un qui va vers la mort, ni le cri de celui qui se sait abandonné. Jésus, à ce moment-là, fait sien tout le psaume 22, le psaume du peuple d’Israël qui souffre; de cette façon, Il prend sur lui non seulement la peine de Son peuple, mais aussi celle de tous les hommes qui souffrent, oppressés par le mal, et en même temps, Il porte tout cela dans le cœur de Dieu lui-même, avec l’assurance que Son cri sera exaucé à la résurrection. Cette prière de Jésus contient la confiance et l’abandon extrêmes dans les mains de Dieu, même lorsqu’Il semble absent, même lorsqu’Il semble se taire, selon un dessein qui nous est incompréhensible. Il souffre en communion avec nous et pour nous, et Sa souffrance découle de l’amour et porte déjà en elle la rédemption, la victoire de l’amour.

Dans la prière, apportons à Dieu nos croix quotidiennes, avec la certitude qu’Il est présent et qu’Il nous écoute. Le cri de Jésus nous rappelle combien, dans notre prière, nous devons dépasser les barrières de notre moi et de nos problèmes et nous ouvrir aux besoins et aux souffrances des autres. La prière de Jésus mourant sur la croix nous enseigne à prier avec amour pour tant de frères et sœurs qui sentent le poids de la vie quotidienne, qui vivent des moments difficiles, qui sont dans l’épreuve, qui n’entendent même pas une parole de réconfort; apportons tout cela au cœur de Dieu, pour que eux aussi puissent sentir l’amour de Dieu qui ne nous abandonne jamais.

L’école de prière de Benoît XVI / extraits (carmel.asso.fr)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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