Seigneur, apprends-nous à prier – 10

Benoît XVI

Seigneur, apprends-nous à prier – XI

La croix du Christ ne montre pas seulement le silence de Jésus, comme ultime parole adressée à son Père, mais elle révèle aussi que Dieu parle par le silence. L’expérience de Jésus sur la croix est profondément révélatrice de la situation de l’homme qui prie et indique le sommet de l’oraison: après avoir écouté et reconnu la parole de Dieu, nous devons nous mesurer aussi au silence de Dieu, expression importante de la parole divine même.

Ce n’est pas seulement notre silence qui nous dispose à l’écoute de la Parole de Dieu; souvent, dans notre prière, nous nous trouvons confrontés au silence de Dieu, nous éprouvons presque un sentiment d’abandon, il nous semble que Dieu ne nous écoute pas et ne nous répond pas. Mais ce silence de Dieu, comme pour Jésus, n’est pas le signe de Son absence. Le chrétien sait bien que le Seigneur est présent et qu’Il écoute, même dans l’obscurité de la douleur, du refus et de la solitude. Jésus donne à ses disciples, et à chacun de nous, l’assurance que Dieu connaît bien nos besoins, dans toutes les situations de notre vie. Il enseigne les disciples: Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. N’allez pas faire comme eux ; car votre Père sait bien ce qu’il vous faut, avant que vous le lui demandiez (Mt 6, 7-8). Dieu nous connaît jusqu’à l’intime, mieux que nous-mêmes, et Il nous aime: le savoir doit nous suffire.

Dans la Bible, l’expérience de Job est particulièrement significative à cet égard. En peu de temps, cet homme perd tout: ses proches, ses biens, ses amis, sa santé; le comportement de Dieu envers lui semble vraiment être un abandon, un silence total. Et pourtant, dans son rapport à Dieu, Job lui parle et crie vers lui: malgré tout cela, dans sa prière, il garde sa foi intacte et, à la fin, il découvre la valeur de son expérience et du silence de Dieu. Nous tous, dans l’ensemble, nous connaissons Dieu seulement par ouïe-dire et, plus nous sommes ouverts à Son silence et à notre silence, plus nous commençons à Le connaître réellement. Cette confiance extrême qui s’ouvre à une rencontre profonde avec Dieu a mûri dans le silence. Saint François-Xavier priait en disant au Seigneur: Je t’aime non parce que tu peux me donner ton paradis ou me condamner à l’enfer, mais parce que tu es mon Dieu. Je t’aime parce que tu es toi.

Pour nous, qui sommes souvent préoccupés d’efficacité opérationnelle et de résultats concrets à obtenir, la prière de Jésus nous montre que nous avons besoin de nous arrêter, de vivre des moments d’intimité avec Dieu, nous détachant du vacarme quotidien pour écouter, pour aller à la racine qui nous soutient et nourrit notre vie. L’un des moments les plus beaux de la prière de Jésus se trouve justement lorsque, pour affronter les maladies, les contrariétés et les limites de ses interlocuteurs, Il s’adresse à son Père dans l’oraison et ainsi, Il enseigne à ceux qui l’entourent où trouver la source de l’espérance et du salut. Demandons au Seigneur avec confiance de vivre le chemin de notre prière filiale, en apprenant chaque jour du Fils unique qui, s’est fait homme pour nous, comment nous devons nous adresser à Dieu. Les paroles de saint Paul sur la vie chrétienne en général valent aussi pour notre prière: Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Sauveur (Rm 8, 38-39).

L’école de prière de Benoît XVI / extraits (carmel.asso.fr)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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