Seigneur, apprends-nous à prier – 12

Benoît XVI

Seigneur, apprends-nous à prier – XII

Le christianisme n’est pas une religion de la peur, mais de la confiance et de l’amour du Père qui nous aime. Ces deux affirmations denses nous parlent de l’envoi et de l’accueil de l’Esprit-Saint, don du Ressuscité, qui fait de nous des fils dans le Christ, le Fils unique, et qui nous introduit dans une relation filiale avec Dieu, une relation de profonde confiance, comme celle des petits enfants; une relation filiale analogue à celle de Jésus, même si elle est d’une origine différente et d’une autre épaisseur: Jésus est le Fils éternel de Dieu qui s’est fait chair, mais nous, nous devenons fils en Lui, dans le temps, par la foi et par les sacrements du baptême et de la confirmation; grâce à ces deux sacrements, nous sommes immergés dans le mystère pascal du Christ. L’Esprit-Saint est le don précieux et nécessaire qui fait de nous des enfants de Dieu, qui réalise cette adoption filiale à laquelle sont appelés tous les êtres humains parce que, comme le précise la bénédiction divine de la Lettre aux Ephésiens, Dieu, dans le Christ, nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ (Ep 1, 4).

L’homme d’aujourd’hui ne perçoit peut-être pas la beauté, la grandeur et la consolation profonde contenues dans la parole Père avec laquelle nous pouvons nous adresser à Dieu dans la prière, parce que, souvent, aujourd’hui, la figure paternelle n’est pas suffisamment présente, et souvent aussi elle n’est pas suffisamment positive dans la vie quotidienne. L’absence du père, le problème du père qui n’est pas présent dans la vie d’un enfant est un grand problème de notre temps et, pour cette raison, il devient difficile de comprendre en profondeur ce que signifie que Dieu est un Père pour nous. C’est de Jésus, de Son rapport filial avec Dieu, que nous pouvons apprendre ce que signifie vraiment le mot Père, quelle est la véritable nature du Père qui est aux cieux. Des critiques de la religion ont estimé que parler du Père de Dieu, serait une projection de nos propres pères sur le ciel. Mais c’est le contraire qui est vrai: dans l’Evangile, le Christ nous montre qui est père et comment est un vrai père, pour que nous puissions pressentir ce qu’est la véritable paternité, et apprendre aussi la véritable paternité. Pensons aux paroles de Jésus, dans le sermon sur la montagne, lorsqu’Il dit : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux (Mt 5, 44-45). C’est justement l’amour de Jésus, le Fils unique – qui va jusqu’au don de Lui-même sur la croix – qui nous révèle la vraie nature du Père: Il est l’Amour et nous aussi, dans notre prière de fils et de filles, nous entrons dans ce circuit d’amour, l’amour de Dieu qui purifie nos désirs, nos comportements marqués par nos fermetures sur nous-mêmes, notre autosuffisance, notre égoïsme typique du vieil homme.

Dieu est notre Père, parce qu’il est notre créateur. Chacun de nous, chaque homme et chaque femme est un miracle de Dieu, est voulu par Lui, est connu personnellement par Lui. Lorsque, dans le Livre de la Genèse, on dit que l’être humain est créé à l’image de Dieu (Gn 1, 27), c’est justement cette réalité que l’on veut exprimer: Dieu est notre Père, pour Lui nous ne sommes pas des êtres anonymes, impersonnels, mais nous avons un nom. 

L’école de prière de Benoît XVI / extraits (carmel.asso.fr)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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