Morceaux choisis – 235 / Thérèse de Jésus

Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

Tout bien considéré, je me dis quelquefois qu’il y a un bien grand aveuglement dans ce désir que nous avons d’être aimés, à moins, je le répète, qu’il ne s’agisse de personnes capables de nous aider à acquérir les biens parfaits. Remarquez-le, d’ailleurs, quand nous désirons l’affection de quelqu’un, il se mêle toujours à ce désir une certaine recherche de notre utilité ou de notre satisfaction personnelle. Or, ces âmes parfaites ont déjà foulé aux pieds tous les biens et tous les égards dont on pourrait les combler en ce monde. Pour ce qui est des satisfactions, quand bien même elles le voudraient, ells ne sont presque plus maîtresses d’en goûter qui méritent ce nom, si ce n’est en Dieu ou dans les entretiens dont Dieu est l’objet. Cela étant, quel avantage peuvent-elles retirer d’être aimées?

Quand cette vérité se présente à leur esprit, elles rient d’elles-mêmes, en songeant au temps où elles étaient en peine de savoir si leur affection se trouvait ou non payée en retour.

Thérèse d’Avila, Le chemin de perfection, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Carmel d’Angers, France (carmel.asso.fr)

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