Seigneur, apprends-nous à prier – 22

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – XXII

Jésus place sur les lèvres de Ses disciples une prière brève, audacieuse, faite de sept requêtes – un chiffre qui dans la Bible, n’est pas fortuit, mais indique la plénitude. Je dis audacieux parce que, si le Christ ne l’avait pas suggéré, probablement aucun de nous – et même aucun des théologiens les plus célèbres — n’oserait prier Dieu de cette manière. En effet, Jésus invite Ses disciples à s’approcher de Dieu et à Lui adresser avec confiance certaines requêtes: tout d’abord à Son sujet, puis à notre sujet. Il n’y a pas de préambule dans le Notre Père. Jésus n’enseigne pas de formules pour s’attirer les bonnes grâces du Seigneur. Au contraire, Il invite à Le prier en faisant tomber les barrières de la sujétion et de la peur. Il ne dit pas de s’adresser à Dieu en L’appelant Tout-puissant; Très Haut; Toi qui es si distant de nous, moi qui suis misérable: non, Il ne dit pas cela, mais simplement Père, en toute simplicité, comme les enfants s’adressent à leur père. Et ce terme Père exprime la familiarité et la confiance filiale.

La prière du Notre Père puise ses racines dans la réalité concrète de l’homme. Par exemple, elle fait demander le pain, le pain quotidien: une requête simple, mais essentielle, qui dit que la foi n’est pas une question décorative, détachée de la vie, qui intervient uniquement quand tous les autres besoins ont été satisfaits. La prière commence plutôt avec la vie elle-même. La prière – nous enseigne Jésus – ne commence pas dans l’existence humaine après que l’estomac a été rempli: au contraire, elle est présente partout où il y a un homme, n’importe quel homme qui a faim, qui pleure, qui lutte, qui souffre et qui se demande pourquoi. Jésus, dans la prière, ne veut pas éteindre l’humain, Il ne veut pas l’anesthésier. Il ne veut pas que nous modérions les questions et les requêtes en apprenant à tout supporter. Il veut en revanche que toute souffrance, toute inquiétude, s’élance vers le ciel et devienne dialogue. Avoir la foi est une habitude au cri.

Aucun de nous n’est tenu d’embrasser la théorie que certains ont avancée par le passé, à savoir que la prière de demande est une forme affaiblie de la foi, tandis que la prière la plus authentique serait la louange pure, celle qui cherche Dieu sans le poids d’aucune requête. Non, cela n’est pas vrai. La prière de demande est authentique, elle est spontanée, c’est un acte de foi en Dieu qui est le Père, qui est bon, qui est tout-puissant. C’est un acte de foi en moi, qui suis petit, pécheur, dans le besoin. C’est pourquoi la prière, pour demander quelque chose, est très noble. Dieu est le Père qui a une immense compassion pour nous, et veut que Ses enfants Lui parlent sans peur, directement, en L’appelant Père; ou dans les difficultés en disant: Mais Seigneur, que m’as-tu fait?. C’est pourquoi nous pouvons tout Lui raconter, même les choses qui dans notre vie, demeurent déformées et incompréhensibles. Et Il nous a promis qu’Il aurait été pour toujours avec nous, jusqu’au dernier des jours que nous passerons sur cette terre. 

Pape François, Catéchèse sur le Notre Père / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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