Seigneur, apprends-nous à prier – 24

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – XXIV

Jésus a dit: quand tu pries, entre dans le silence de ta chambre, retire-toi du monde et adresse-toi à Dieu en l’appelant Père!. Il veut que Ses disciples ne soient pas comme les hypocrites qui prient en se tenant droits debout sur les places pour être admirés des gens (cf. Mt 6, 5). Jésus ne veut pas d’hypocrisie. La véritable prière est celle qui s’accomplit dans le secret de la conscience, du cœur: insondable, visible uniquement de Dieu. entre Dieu et moi. Celle-ci a horreur du mensonge: avec Dieu il est impossible de feindre. Devant Dieu, il n’y a aucun subterfuge qui tienne, Dieu nous connaît ainsi, nus dans notre conscience. A la racine du dialogue avec Dieu, il y a un dialogue silencieux, comme un échange de regards entre deux personnes qui s’aiment: l’homme et Dieu croisent leur regard, et cela est une prière. Regarder Dieu et se laisser regarder par Dieu: cela est prier. Mais, Père, moi je ne prononce pas de paroles… Regarde Dieu et laisse-toi regarder par Lui: c’est une prière, une belle prière! Pourtant, bien que la prière du disciple soit entièrement confidentielle, elle ne tombe jamais dans l’intimisme. Dans le secret de la conscience, le chrétien ne laisse pas le monde derrière la porte de sa chambre, mais porte dans son cœur les personnes et les situations, les problèmes, tant de choses, il les porte toutes dans la prière.

Si je vous demandais, à vous, quelle est l’absence frappante dans le texte du Notre Père? Il ne sera pas facile de répondre. Il manque un mot. Réfléchissez, que manque-t-il? Un mot. Un mot dont de nos jours – mais peut-être toujours – chacun fait grand cas. Quel est le mot qui manque dans le Notre Père que nous prions tous les jours? Il manque le mot: je. Jésus enseigne à prier en ayant sur les lèvres avant tout le Tu, parce que la prière chrétienne est dialogue; que Ton nom soit sanctifié, que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite (Mt 6,8-10). Puis on passe au nous. Toute la deuxième partie du Notre Père est déclinée à la première personne du pluriel: Donne-nous notre pain de ce jour, pardonne-nous nos offenses, et ne nous laisse pas entrer en tentation, délivre-nous du mal (cf. Lc 11,3-4). Même les requêtes les plus élémentaires de l’homme – comme celles d’avoir de la nourriture pour rassasier la faim – sont toutes au pluriel. Dans la prière chrétienne, personne ne demande le pain pour soi: il le supplie pour tous les pauvres du monde. On prie avec le Tu et avec le nous. C’est un bon enseignement de Jésus. Ne l’oubliez pas.

Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas de place pour l’individualisme dans le dialogue avec Dieu. Il n’y a pas d’ostentation de ses problèmes comme si nous étions les seuls au monde à souffrir. Il n’y a pas de prière élevée à Dieu qui ne soit la prière d’une communauté de frères et sœurs.

Pape François, Catéchèse sur le Notre Père / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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