Jules Supervielle
Ce qu’il faut de nuit
Au-dessus des arbres,
Ce qu’il faut de fruits
Aux tables de marbre,
Ce qu’il faut d’obscur
Pour que le sang batte,
Ce qu’il faut de pur
Au sang écarlate,
Ce qu’i faut de jour
Sur la page blanche,
Ce qu’il faut d’amour
Au fond du silence.
Et l’âme sans gloire
Qui demande à boire,
Le fil de nos jours
Chaque jour plus mince,
Et le coeur plus sourd
Nul n’entend que nous
La poulie qui grince,
Le seau est si lourd …
Jules Supervielle, Vivre encore, dans: Les amis inconnus, précédé de: Le forçat innocent (coll. Poésie/Gallimard, 2007)
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