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Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

Le château intérieur – II. Premières Demeures – II

Avant d’aller plus loin, je veux vous faire voir le spectacle qu’offre ce château si resplendissant et si beau, cette perle orientale, cet arbre de vie planté au milieu même des eaux vives de la vie, qui est Dieu, cette âme, en un mot, lorsqu’elle tombe dans un péché mortel. Il n’est pas de ténèbres plus épaisses, rien qui approche de cette obscurité et de cette noirceur. N’en cherchez pas d’autre cause que celle-ci: ce même Soleil qui lui donnait tant de splendeur et de beauté, bien qu’il soit au centre de cette âme. y est comme s’il n’y était pas, en ce sens qu’elle ne participe plus à sa lumière, elle est pourtant aussi apte à jouir de la divine Majesté que le cristal à réfléchir la splendeur du soleil.

En cet état de péché mortel, rien ne lui profite et toutes ses bonnes oeuvres sont stériles quant à l’acquisition de la gloire. Et, en effet, ce qui ne procède plus du principe qui fait que notre vertu est vertu – je veux dire de Dieu -, ce qui s’accomplit dans l’actuelle séparation de Lui, ne peut être agréable à Ses yeux. Aussi bien, l’intention de celui qui commet le péché mortel n’est-elle pas de contenter Dieu, mais de faire plaisir au démon. Or, ce dernier étant les ténèbres mêmes, la pauvre âme devient avec lui une seule et même obscurité.

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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