Chemins de traverse – 825 / William Shakespeare

William Shakespeare

Oh! quelle atroce détresse apporte la grandeur!
Qui ne voudrait être dénué de biens,
Si les richesses mènent à la misère ou au mépris?
Qui voudrait être ainsi leurré par la grandeur,
Ou ne vivre que dans un rêve d’amitié,
Avoir le faste et tout ce qui s’attache.
A la splendeur,
Peints du même vernis que ses faux amis?
Pauvre seigneur honnête,
Anéanti par son propre cœur,
Perdu par sa bonté!
Etrange et rare nature,
Dont le pire péché est de faire trop de bien.
Qui dès lors osera être
Moitié aussi généreux?
Car la munificence, qui fait les dieux,
Ruine toujours les hommes.

William Shakespeare, Timon d’Athènes, dans: Tragédies vol. 2 (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2002)

Image : Jonathan Pryce, dans : Timon d’Athènes (BBC, 1981)

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