Pouvoir du mal, visage de Dieu – 1

Pouvoir du mal, visage de Dieu – I

La réponse plénière à la question du mal est dans le christianisme tout entier, accueilli, pénétré, vécu sans réserve. Il débute par un message de joie: Et il y avait dans cette même contrée des pasteurs qui demeuraient aux champs et veillaient durant la nuit sur leur troupeau. Et un Ange du Seigneur passa près d’eux, et ils furent saisis d’une grande crainte. Et l’Ange leur dit: Ne craignez point; voici que je vous annonce une grande joie destinée à tout le peuple. (Lc 2, 8-10)

Il est assez riche pour donner par surcroît une réponse au spectacle de la tragédie du monde. Il enseigne que Dieu est un Dieu d’amour; que la création de l’univers est l’effet d’un libre épanchement de cet amour; que la première condition de l’homme était privilégiée; que la chute est suivie d’une condition douloureuse, il est vrai, mais où Dieu continue de nous aimer au point de nous envoyer Son Fils unique dans l’Incarnation et dans la Rédemption; que l’Esprit Saint diffuse sur les hommes qui ne Le refusent pas, les richesses du Christ, les appelant tous, de près ou de loin, à constituer dans le temps un royaume qui n’est pas de ce temps; que ce royaume, et l’univers lui-même s’en vont au-devant d’une inimaginable transfiguration, à laquelle les créatures libres sont invitées d’avance à consentir, mais à laquelle elles peuvent aussi d’avance, par un mystère terrible, se dérober.

Il n’y a pas un trait du message chrétien qui ne soit pour une part une réponse à la question du mal; c’est ce qui rend cette réponse immense, illimitée.

Charles Journet, Le mal – Essai théologique (Saint-Augustin, 2013)

image: Jérôme Bosch, Le jardin des délices / Détail (euclides59.wordpress.com)

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