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Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila) 

Le château intérieur – XIX. Cinquièmes Demeures – III

Nous pouvons édifier cette Demeure et nous y loger, mais ce n’est ni en ôtant ni en donnant à Dieu, c’est en nous ôtant à nous-mêmes, c’est en donnant de nous-mêmes, comme le font ces pauvres petits vers. A peine aurons-nous fait tout ce qui est en notre pouvoir, que Dieu daignera unir à Sa grandeur ce faible travail, qui n’est rien en soi, et lui communiquera une telle valeur, qu’Il voudra s’en constituer Lui-même la récompense. Et après avoir fait presque tous les frais, Il joindra encore les petites peines que nous aurons prises aux grandes souffrances qu’Il a endurées, de sorte qu’elles ne feront plus qu’un.

Courage, donc! A l’oeuvre sans retard! Tissons notre petite coque, en renonçant à notre amour-propre, à notre volonté, à tout attachement aux choses de la terre, en produisant des oeuvres de pénitence, d’oraison, de mortification, d’obéissance, et d’autres encore, que vous connaissez bien. Ah! je vous en prie, faisons tout le bien possible et dont on nous a enseigné la pratique! Et puis, qu’il meure, qu’il meure, ce vers, comme fait le ver à soie après avoir accompli l’ouvrage pour lequel il a été créé!

Vous saurez alors comment on voit Dieu et comment on s’abîme dans Ses grandeurs, de même que ce petit ver s’ensevelit dans sa coque. Remarquez bien, en disant qu’on voit Dieu, je l’entends de la manière dont Il se donne à goûter dans cet état d’union.

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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