Bernard de Clairvaux
Dans Ma vie, tu connaîtras ton chemin: de même que J’ai gardé indéfectiblement les sentiers de la pauvreté et de l’obéissance, de l’humilité et de la patience, de la charité et de la miséricorde, toi, à ton tour, tu suivras Mes traces sans dévier ni à droite, ni à gauche. Dans Ma mort, Je te donnerai Ma justice, Je briserai le joug de ta captivité, Je combattrai tes ennemis, ceux qui sont sur ta route ou à ses abords, afin qu’ils cessent désormais de Te nuire.
Tout cela étant accompli, Je retournerai dans Ma maison d’où Je suis sorti, et aux brebis restées dans les montagnes. Oui, à ces brebis, Je rendrai Mon visage. Et pour que Mon absence ne te porte pas au murmure et à la tristesse, Je t’enverrai l’Esprit Paraclet qui te donnera le gage du salut, la forc de la vie, la lumière de la science.
Cet Esprit Lui-même répandra la joie dans ton coeur, imprégnera ton âme de la rosée du ciel, sinon constamment, du moins très souvent. Ce qui t’est impossible par nature, te deviendra par grâce non seulement possible, mais même facile. En tout ce que tu auras fait de bien, tu te considéreras alors comme un serviteur inutile; et tout le bien que tu auras trouvé en toi, tu l’attribueras à Celui qui est à l’origine de tout bien, Celui sans lequel tu ne peux commencer ni mener à terme, je ne dis pas la moindre chose, mais absolument rien.
Que recherche-t-Il de toi, Celui qui t’a cherché avec tant de sollicitude, sinon que tu prennes soin de marcher avec ton Dieu? C’est une sollicitude que nul ne crée sinon l’Esprit Saint, Lui qui scrute les profondeurs, qui discerne les pensées et les intentions du coeur, ne supporte pas la moindre paille dans le coeur qu’Il possède, dans le lieu où Il réside, mais la brûle aussitôt au feu de Sa plus fine attention: car l’Esprit, doux et suave comme Il l’est, fléchit notre volonté, ou plutôt la redresse, et la dirige verx la Sienne afin que nous puissions véritablement comprendre la volonté de Dieu, l’aimer avec ferveur et, parfaitement, l’accomplir.
Bernard de Clairvaux, Deuxième sermon pour la Pentecôte / extrait, dans: Quand passe le vent de l’Esprit (Abbaye de Bellefontaine, 2012)
image: Vitrail du Saint-Esprit, Eglise Saint-Julien – Lunegarde, France (commons.wikimedia.org)
