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Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

Le château intérieur – XXXXI. Septièmes Demeures – IX

Je le répète, il ne suffit pas que vous preniez pour base la prière et la contemplation. Si vous ne travaillez à acquérir les vertus, si vous ne vous exercez à les pratiquer, vous demeurerez toujours des naines dans la vie spirituelle. Et encore, Dieu veuille que vous vous borniez à ne pas grandir! Car, vous le savez, ne pas croître, c’est décroître. Et, en effet, quand l’amour est véritable, je regarde comme impossible qu’il se contente de demeurer stationnaire.

Vous penserez peut-être qu’en parlant ainsi je m’adresse à ceux qui commencent, et qu’au bout d’un certain temps on peut se reposer. Je vous ai déjà dit que si ces âmes jouissent intérieurement du repos, elles en ont beaucoup moins à l’extérieur et ne désirent pas en avoir. Et à quoi pensez-vous que tendent ces inspirations, ou pour mieux dire ces aspirations et ces messages, que l’âme envoie de son centre à ceux qui habitent la partie supérieure du château et les Demeures qui entourent celle où elle-même séjourne? Est-ce à les inviter à dormir? Non, non, non. Du fond de sa retraite, elle leur fait même une guerre plus acharnée que lorsqu’elle souffrait avec eux; elle interdit toute oisiveté aux puissances, aux sens et à tout ce qui tient au corps.

Alors, elle ne connaissait pas les immenses avantages des souffrances dont Dieu s’est servi peut-être pour l’introduire en ce lieu. De plus, la société dont elle jouit lui donne des forces tout autres qu’auparavant.

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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