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Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

Le château intérieur – XXXIV. Septièmes Demeures – II

Dans les fiançailles spirituelles, on se sépare souvent. La grâce de l’union n’est pas permanente. L’union est la fusion de deux objets en un, mais pourtant ces objets peuvent encore se séparer et subsister séparément. C’est une faveur qui d’habitude passe vite, et l’âme se trouve ensuite sans cette heureuse compagnie; du moins elle n’en a plus le sentiment. Dans le mariage spirituel, c’est tout autre chose: l’âme demeure toujours avec son Dieu, dans le centre dont j’ai parlé.

On peut comparer l’union à deux cierges de cire si rapprochés qu’ils ne donnent qu’une seule lumière, ou encore à la mèche, à la flamme et à la cire du cierge, qui ne sont qu’un. Néanmoins, on peut séparer les deux cierges, de sorte qu’ils subsistent séparément; on peut aussi diviser la mèche d’avec la cire. Ici, on dirait l’eau du ciel qui tombe dans une rivière ou une fontaine et se confond tellement avec elle, qu’on ne peut plus ni les diviser, ni distinguer quelle est l’eau de la rivière et quelle est l’eau du ciel. Ou bien c’est un petit ruisselet qui se jette dans la mer et qu’il est impossible d’en séparer; ou bien encore, une grande lumière qui pénètre dans une pièce par deux fenêtres, et, quoique divisée au moment où elle y arrive, ne forme plus ensuite qu’une seule lumière.

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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