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Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

Le château intérieur – XXXII. Sixièmes Demeures – IX

Notre-Seigneur accorde parfois à l’âme certaines jubilations et une sorte d’oraison étrange, dont on ne s’explique pas la nature. Je l’indique ici, afin que, s’Il vous faisait cette grâce, vous sachiez que c’est une chose qui arrive et que vous L’en bénissiez de tout votre coeur. A mon sens, c’est une union très étroite des puissances avec Dieu; seulement elles conservent, ainsi que les sens, la liberté de jouir de leur bonheur. Mais de quoi jouissent-elles, et comment en jouissent-elles? C’est ce qu’elles ignorent. Cela semble être de l’arabe, et pourtant, c’est la pure vérité.

L’âme éprouve une joie si excessive, qu’elle voudrait n’être pas seule à la ressentir, mais la publier partout, afin qu’on l’aide à en bénir Notre-Seigneur, car c’est là que la porte un irrésistible élan. Oh! si c’était en son pouvoir, que de fêtes elle célébrerait, quelles démonstrations de joie, pour faire connaître au monde entier son bonheur! Il lui semble qu’elle s’est retrouvée elle-même et, à l’exemple du père de l’enfant prodigue, elle voudrait convier tout le monde a fêter par de splendides réjouissances l’état de sécurité dans lequel elle se trouve, du moins sur le moment. Et à mon avis, elle a bien raison car une si grande joie intérieure, procédant de la partie la plus intime de l’âme, accompagnée par tant de paix, et dont tous les élans ne vont qu’à bénir Dieu, ne peut pas venir du démon. 

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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