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Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

Le château intérieur – XXXI. Sixièmes Demeures – VIII

Vous distinguerez parfaitement quand les larmes viennent de Dieu, car alors, au lieu de troubler, elles fortifient et apaisent, et rarement elles font mal. Du reste, cette illusion, quand elle existe, a cela de bon qu’elle nuit au corps seulement et non à l’âme, j’entends s’il y a de l’humilité. Mais quand il n’y aurait aucun dommage, il est toujours bon d’être sur ses gardes.

Ne nous imaginons pas que tout soit fait parce que nous avons beaucoup pleuré; nous visons à beaucoup agir et à pratiquer les vertus. C’est là l’essentiel. Quant aux larmes, si Dieu les envoie sans que nous ayons rien fait pour les provoquer, très bien. Ces larmes-là arroseront notre sol aride, elles l’aideront beaucoup à porter de fruits, et d’autant plus que nous nous en occupons moins. C’est une eau qui tombe du ciel; elle n’a rien à voir avec celle que nous recueillonsqq au en creusant péniblement la terre.

Souvent nous nous épuiseront à creuser, et nous ne trouverons pas même un filet d’eau, bien moins encore une source vive. Ainsi, le meilleur, à mon avis, c’est de se mettre en la présence de Dieu, de considérer d’une part Sa miséricorde et Sa grandeur, de l’autre notre bassesse. Et après cela, qu’Il nous envoie ce qu’il Lui plaira: eau ou sécheresse. Il sait mieux que nous ce qu’il nous faut; grâce à cela nous vivrons en repos, et le démon aura moins de facilité pour nous jouer des tours.

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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