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Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

Le château intérieur – XXV. Sixièmes Demeures – II

Les louanges sont une épreuve. L’âme, en effet, le voit clairement, si elle a quelque bien, ce bien lui vient de Dieu et ne lui appartient en aucune façon. Comme peu auparavant elle s’est trouvée dans l’indigence et plongée dans le péché, ces louanges lui causent un tourment insupportable, du moins au début. Par la suite, ce tourment diminue, pour plusieurs raisons.

La première, parce que l’expérience lui a montré à l’évidence que les hommes sont aussi rapides à distribuer les éloges que les blâmes, de sorte qu’elle ne tient plus compte ni des uns ni des autres. La deuxième, parce que le Seigneur lui découvre plus clairement qu’aucun bien ne lui appartient, et que tout vient de Sa main à Lui. Il lui semble voir le bien dont il s’agit dans une tierce personne, et oubliant que c’est d’elle qu’il est question, elle se tourne vers Dieu pour L’en bénir. La troisième, parce qu’ayant vu quelques âmes faire des progrès spirituels en apprenant les grâces qu’elle recevait de Dieu, elle se dit que sa Majesté a voulu se servir à leur avantage de cette bonne opinion qu’elles ont conçues d’elle sans sujet. Et la quatrième, parce que, étant occupée de la gloire et de l’honneur de Dieu bien plus que des siens propres, elle se trouve délivrée de la crainte, commune chez les débutants, que les louanges ne deviennent, comme à plusieurs, une occasion de leur ruine.

Etre perdue de réputation lui importe peu, pourvu que, par ce moyen, Dieu reçoive une seule louange de plus. Ensuite, advienne que pourra!

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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