Une étreinte de feu – 363 / Flannery O’Connor

Flannery O’Connor

Mon cher Dieu, comme nous autres, êtres humains, sommes stupides jusqu’à ce que Tu nous accordes un bienfait. Même dans la prière, c’est Toi qui es obligé de prier en nous. J’aimerais écrire une belle prière, mais je n’ai aucune matière. Tout un monde sensible m’entoure auquel je devrais être capable de recourir pour Te louer, mais je ne sais pas m’y prendre. Pourtant, dans des moments sans saveur, tandis que je pense à la cire pour le plancher ou aux oeufs de pigeons par exemple, le début d’une belle prière me vient parfois des profondeurs de mon subconscient et m’incite à écrire quelque chose d’exalté. Je ne suis pas philosophe, sinon je comprendrais ces phénomènes.

Si je me connaissais entièrement, cher Dieu, si je parvenais à découvrir tout ce qu’il y a en moi de pédant, d’égocentrique, d’un tant soit peu hypocrite, que deviendrais-je alors? Mais que ferais-je eu égard à ces sentiments que sont tantôt la peur, tantôt la joie, qui sont trop profonds pour être atteints par mon entendement? J’ai peur des mains insidieuses. mon Dieu, qui cherchent à tâtons dans l’obscurité de mon âme. Je T’en prie, sois le gardien qui m’en protégera. De grâce, sois le refuge au bout du souterrain. 

Flannery O’Connor, Journal de prière (coll. Le souffle de l’esprit/Actes Sud, 2019)

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