Morceaux choisis – 931 / Adrienne von Speyr

Adrienne von Speyr

La présence toute cachée et pourtant indispensable de la Mère à la célébration de la sainte messe explique sa présence dans toutes les prières, fêtes et cérémonies de l’Eglise. Elle est comme rendue visible dans tout l’espace de l’église, dont les murs entourent le tabernacle; c’est elle qui concentre toute la variété des images, des autels et des chapelles, des ornements et multiples dévotions dans son unité vers le Seigneur. Et si la rencontre avec Lui dans la communion est si démesurée que les chrétiens ne savent comment la supporter, c’est encore Marie qui les accueille à leur retour du banc de communion et leur montre par sa proximité rassurante ce que peut être une action de grâces toute simple à l’intérieur de l’église. Cet intérieur est en toute chose un espace humain et concret, et c’est en cela qu’il est marial.

La Mère ne nous conduit jamais au Fils en nous abstrayant de l’immédiat et du quotidien. Elle veille à ce que l’espace visible et l’espace spirituel de l’Eglise soient pour les fidèles un foyer accueillant, une patrie digne d’amour. Un foyer de l’Esprit, certes, où sont communiqués des biens spirituels, mais pas un foyer inconfortable: un foyer tenu avec un soin maternel, où tous les désirs et toutes les nécessités de l’homme sont pris en charge, ses besoins de paix et de clarification spirituelles, ses besoins d’instruction, de nourriture et de repos. Marie et l’Ecclesia (l’Eglise) ne sont pas séparables dans ce soin maternel. L’esprit et la réalité de Marie vivent dans l’Eglise, et plus son oeuvre est invisible, plus elle-même est omniprésente.

Il est du devoir de gratitude des chrétiens de remercier la Mère pour cette oeuvre de service désintéressé et, à mesure qu’elle se cache davantage derrière le Fils, de la louer et vénérer également davantage comme médiatrice. Son service appelle en retour celui des chrétiens envers elle, et en particulier celui des hommes qui, en elle, honorent non seulement la Mère du Seigneur, mais la femme tout simplement. Si c’est dans une figure masculine que le Seigneur nous révèle et nous montre le Père, la nature féminine de la Mère, elle, nous manifeste bien des propriétés de la grâce, du monde céleste et divin. Homme et femme ensemble sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et l’image de Dieu ne réside pas seulement dans une âme considérée comme asexuée, mais dans tout l’homme, être unique composé de corps et d’esprit.

Adrienne von Speyr, La servante du Seigneur: Contemplations mariales / extraits (Johannes Verlag, 2014)

image: Santuario Beata Vergine Maria delle Grazie, Curtatone / Italia (diocesidimantova.it)

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