Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)
Le château intérieur – I. Premières Demeures – I
Nous pouvons considérer notre âme comme un château, fait d’un seul diamant ou d’un cristal parfaitement limpide, et dans lequel il y a beaucoup d’appartements, comme dans le ciel il y a bien des demeures. Et en effet, si nous y réfléchissons bien, l’âme du juste n’est autre chose qu’un paradis, où le Seigneur, comme Il nous l’assure Lui-même, prend ses délices. Mais que penser, je vous le demande, de l’appartement où un Roi si puissant, si sage, si pur, si riche de tous biens, prend plaisir à résider? Pour moi, je ne vois rien à quoi l’on puisse comparer l’excellente beauté d’une âme et son immense capacité. Non, en vérité, quelque pénétration qu’aient nos esprits, ils sont aussi impuissants à s’en faire une idée juste qu’à se représenter Dieu, car c’est à Son image et à Sa ressemblance, Il l’affirme Lui-même, que nous avons été créés.
Si cela est vrai, comme l’on ne peut pas en douter, ne nous fatiguons pas à vouloir saisir la beauté de ce château. Sans doute, il est créé et, par-là même, il y a entre lui et Dieu toute la distance qui sépare le Créateur de la créature, mais il suffit que l’âme, comme sa Majesté nous l’assure, soit faite à Son image, pour que nous concevions quelque chose de son excellence et de sa beauté.
Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)
image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)