Une étreinte de feu – 367 / Flannery O’Connor

Flannery O’Connor

Cher Dieu, quand je pense à toutes les occasions que j’ai d’être reconnaissante, je me demande pourquoi Tu ne me tues pas tout simplement sur-le-champ, parce que Tu as déjà tant fait pour moi, et je ne me suis pas montrée particulièrement reconnaissante. Mon action de grâces ne prend jamais la forme de l’abnégation, seulement quelques prières mémorisées que je marmonne rapidement à la légère. Tout cela me dégoûte de moi-même, sans pour autant m’emplir du sentiment incisif que je devrais éprouver pour T’adorer, pour Te demander pardon ou pour Te remercier.

Sans doute le sentiment que je requiers continuellement est-il, encore une fois, égoïste, une aide pour me conforter dans l’idée qu’en ce qui me concerne tout est conforme. Et pourtant, cela me semble le plus naturel du monde, mais peut-être que c’est cette manière d’être naturel qui revient à se montrer égoïste. Mon esprit est des plus hasardeux, impossible de s’y fier. Tantôt il m’accable de scrupules et tantôt me réduit au laxisme. S’il me faut connaître tous ces tourments de l’esprit, cher Seigneur, de grâce raffermis-le.

Merci, cher Dieu, il me semble que j’éprouve de la reconnaissance pour tout ce que Tu as fait pour moi. Je le souhaite. Vraiment. Et remercie ma chère Mère que j’aime, Notre-Dame du Perpétuel Secours. 

Flannery O’Connor, Journal de prière (coll. Le souffle de l’esprit/Actes Sud, 2019)

image: Parc Bertrand, Genève / Suisse (2020)

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