Morceaux choisis – 1040 / Francesco Follo

Francesco Follo

Il était une fois un moine appelé Epiphane. Un jour il découvrit un don qu’il ne pensait pas posséder: il savait peindre de belles icônes. Il voulait absolument peindre le visage de Jésus. Mais où trouver un modèle qui exprime, à la fois, la souffrance et la joie, la mort et la résurrection, la divinité et l’humanité?

Epiphane se mit alors en voyage. Il parcourut la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, examinant chaque visage. Rien: le visage qui pouvait représenter le Christ n’existait pas. Fatigué, il s’endormit en répétant les paroles du psaume: Je cherche ton visage, Seigneur, montre-moi ton visage! Il fit un rêve. Un Ange lui apparut, il le ramena auprès des personnes rencontrées et pour chaque personne il lui indiqua un détail qui rendait ce visage semblable à celui de Jésus: la joie d’un amoureux, l’innocence d’un enfant, la force d’un paysan, la souffrance d’un malade, la peur d’un condamné, la tendresse d’une mère, la consternation d’un orphelin, l’espoir d’un jeune, la joie d’un clown, la miséricorde d’un confesseur, le mystère du visage bandé d’un lépreux…

Et alors, Epiphane comprit et retourna dans son couvent. Il se mit au travail et l’icône fut prête en peu de temps et il la présenta à son abbé. Celui-ci fut surpris: elle était merveilleuse. Il voulut savoir qui était le modèle dont il s’était servi parce qu’il désirait la montrer aux autres artistes du monastère. Le moine répondit: Personne, père, ne m’a servi de modèle, parce que personne n’est comme le Christ mais le Christ est semblable à tous. Tu ne trouves pas le Christ dans le visage d’un seul homme, mais tu trouves des fragments du visage du Christ en chaque homme.

Francesco Follo, Un conte pour comprendre l’Epiphanie (fr.zenit.org)

image: Eglise Saint-Joseph, Genève / Suisse (2022)

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