Yves Raguin
Chemins de la contemplation – XXXV
Plus l’âme s’élève dans la connaissance et l’amour de Dieu, plus elle entre en communion avec les autres hommes et avec l’univers entier. Dans l’union à Dieu la plus profonde, il n’est pas faux de dire que l’âme retrouve sa connaturalité avec toute la création.
Il serait très superficiel de penser que l’âme ayant rencontré Dieu se retourne vers les hommes dans un sentiment de pitié ou de compassion. Ce n’est pas simplement dans un mouvement de charité toute divine que l’âme se penche sur ses frères; c’est parce que, dans la découverte de Dieu, elle découvre le lien intime de la création entière. Dans sa relation à Dieu, l’âme retrouve sa relation aux créatures dans une communauté de source.
L’amour vrai de Dieu, celui auquel je suppose que l’âme est maintenant arrivée, est en même temps amour des hommes. C’est un même amour. Quand ils voient un jeune homme ou une jeune fille se consacrer à Dieu, beaucoup pensent qu’ils sont incapables d’aimer. Cela peut être le cas… Il y a chez certains une peur d’aimer… Mais normalement, celui qui se donne à Dieu le fait dans le désir d’un plus grand amour, d’un amour plus profond et plus universel. C’est un amour qui connaît les angoisses et les larmes…
Dieu appelle l’âme à aimer. C’est le point final de la contemplation, l’acte commun qui engage Dieu et l’homme dans le don réciproque par lequel la création s’achève.
Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)
image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)