Marc Pernot
Vous ne comprenez pas encore (Mc 8, 21)… ?
Jésus a pour objectif, il a l’ambition pour chacun que nous puissions comprendre par nous-mêmes. Et Jésus annonce aux disciples, il nous annonce : vous avez tout pour être génial, vous avez un cœur, vous avez une véritable intelligence, vous avez des yeux pour voir et des oreilles pour entendre par vous-mêmes, vous avez votre expérience de la vie, vous avez une mémoire des choses vécues par les générations passées. Avec de telles qualités, vous avez tout pour comprendre par vous-mêmes.
Et Jésus se désole. Quelle pitié de ne pas vous servir de votre intelligence, de votre cœur, de vos yeux, de vos oreilles, de votre mémoire! Mais Il le sait bien, c’est si facile, si rapide de se laisser glisser dans l’inconscience, qu’on ne s’en rend pas compte, souvent. Comme les disciples ici et comme les pharisiens aussi, nous avons tendance à nous inquiétez exagérément.
Cette génération, comme dit Jésus, est celle qui cherche des garanties en béton armé avant même de commencer à chercher. Il faudrait que Dieu Lui-même descende, avec sa barbe et un arc-en-ciel à la main, peut-être, et porte un certificat. Même alors, cela ne leur suffirait pas. Pourtant, des signes, ils en ont, nous en avons. Jésus Lui-même est un signe de Dieu, un signe que Dieu s’intéresse à nous et nous veut tout le bien possible.
Les disciples, eux, doutent de l’avenir. Ils sont préoccupés par ce grave problème: peut-être que nous n’avons pas pris assez de pain, alors que le voyage ne prend que quelques heures. Pourtant, nous dit le texte, ils ont quand même un pain. Mais ce que l’on a déjà ne suffit jamais pour celui qui s’inquiète. Il voit ce qu’il aurait pu avoir en plus et donc qui lui manque, il ne voit plus que ça. Et il est malheureux. Et il s’inquiète encore plus. Et c’est comme si ce qu’il a déjà n’était plus rien.
Jésus parle de cette génération, de la génération du 1er siècle, alors qu’on croit l’entendre parler de notre génération toujours en train de se plaindre que rien ne va plus et que demain sera pire… Mais oui, si nous continuons comme ça, à avoir un pain et à pleurer comme si nous n’avions rien, à avoir un cœur et à ne pas aimer, à avoir une intelligence et à ne pas l’exercer, à avoir des yeux et à refuser de voir, des oreilles et à ne pas entendre… alors oui nous sommes mal partis. C’est ça, le problème, nous dit Jésus…
Marc Pernot, Prédication sur l’Evangile de Marc 8, 10-21/ extrait – 14 décembre 2014 (oratoiredulouvre.fr)