Benoît XVI
Seigneur, apprends-nous à prier – XVII
Sur la croix du Christ, l’homme est racheté et l’expérience d’Adam est renversée: Adam, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, avait prétendu être comme Dieu par ses propres forces, se mettre à la place de Dieu et il a ainsi perdu la dignité originelle qui lui avait été donnée. Jésus, lui, était de condition divine, mais il s’est abaissé, il s’est immergé dans la condition humaine, dans une fidélité totale au Père, pour racheter l’Adam qui est en nous et redonner à l’homme la dignité qu’il avait perdue. Les Pères soulignent qu’il s’est fait obéissant, restituant à la nature humaine, à travers Son humanité et Son obéissance, ce qui avait été perdu par la désobéissance d’Adam. Dans la prière, dans notre relation à Dieu, nous ouvrons notre esprit, notre cœur et notre volonté à l’action de l’Esprit-Saint pour entrer dans cette même dynamique de vie, comme l’affirme saint Cyrille d’Alexandrie: L’œuvre de l’Esprit cherche à nous transformer par le moyen de la grâce dans l’imitation parfaite de son humiliation (Lettre festale). La logique humaine, elle, recherche souvent la réalisation d’elle-même dans le pouvoir, dans la domination et dans les moyens de puissance
L’homme continue à vouloir construire par ses propres forces la tour de Babel pour atteindre Dieu par lui-même, pour être comme Dieu. L’Incarnation et la Croix nous rappellent que notre pleine réalisation se trouve lorsque nous conformons notre volonté humaine à celle du Père, lorsque nous nous vidons de notre égoïsme pour nous remplir de l’amour et de la charité de Dieu et devenir ainsi vraiment capables d’aimer les autres. L’homme ne se trouve pas en restant fermé sur lui-même, en s’affirmant lui-même. L’homme se trouve seulement en sortant de lui-même; c’est seulement en sortant de soi que l’on se trouve. Et si Adam veut imiter Dieu, cela n’est pas mal en soi, mais il se trompe sur l’idée qu’il se fait de Dieu. Dieu n’est pas quelqu’un qui ne veut que la grandeur. Dieu est amour, qui se donne déjà dans la Trinité, puis dans la création. Et imiter Dieu veut dire sortir de soi, se donner dans l’amour.
Il faut toujours nous rappeler cela dans notre prière et dans notre vie: La montée vers Dieu a lieu précisément lorsqu’on s’abaisse à servir humblement, qu’on s’abaisse par amour, un amour qui est l’essence de Dieu et par là même la force qui purifie véritablement, qui rend l’homme capable de percevoir Dieu et de le voir (Benoît XVI, Jésus de Nazareth).
Dans notre prière, fixons notre regard sur le Crucifix, restons plus souvent en adoration devant l’Eucharistie, pour faire entrer notre vie dans l’amour de Dieu qui s’est abaissé humblement pour nous élever jusqu’à Lui. Comme saint François devant le Crucifix, disons, nous aussi: Dieu très haut et glorieux, viens éclairer les ténèbres de mon cœur; donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité; donne-moi de sentir et de connaître, afin que je puisse l’accomplir, ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer. Amen
L’école de prière de Benoît XVI / extraits (carmel.asso.fr)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)