Seigneur, apprends-nous à prier – 5

Benoît XVI

Seigneur, apprends-nous à prier – V

Dans l’histoire religieuse de l’ancien Israël, les prophètes ont joué un rôle de grande importance par leur enseignement et leur prédication. Parmi eux, ressort la figure d’Elie, suscité par Dieu pour conduire le peuple à la conversion. Son nom signifie le Seigneur est mon Dieu et c’est en accord avec ce nom que se déroule toute sa vie, consacrée tout entière à provoquer dans le peuple la reconnaissance du Seigneur comme unique Dieu. D’Elie, le Siracide dit: Le prophète Elie se leva comme un feu, sa parole brûlait comme une torche (Si 48, 1).

Le peuple pour lequel Elie prie est placé devant sa propre vérité, et le prophète demande que la vérité du Seigneur également se manifeste et qu’Il intervienne pour convertir Israël, le détachant de la tromperie de l’idolâtrie et le conduisant ainsi au salut. Sa requête est que le peuple sache finalement, connaisse en plénitude qui est véritablement son Dieu, et fasse le choix décisif de Le suivre, Lui seul, le vrai Dieu. Car ce n’est qu’ainsi que Dieu est reconnu pour ce qu’Il est, Absolu et Transcendant, sans la possibilité de placer à Ses côtés d’autres dieux, qui le nieraient comme absolu, le relativisant. Telle est la foi qui fait d’Israël le peuple de Dieu; c’est la foi proclamée dans le texte bien connu du Shema ‘Israel: Ecoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir (Dt 6, 4-5). A l’absolu de Dieu, le croyant doit répondre par un amour absolu, total, qui engage toute sa vie, ses forces, son cœur. Et c’est précisément pour le cœur de son peuple que le prophète, à travers sa prière, implore la conversion: que ce peuple sache que c’est toi, Seigneur, qui es Dieu et qui convertis leur cœur! (1 R 18, 37). Elie, à travers son intercession, demande à Dieu ce que Dieu Lui-même désire faire, se manifester dans toute Sa miséricorde, fidèle à Sa réalité de Seigneur de la vie qui pardonne, convertit, transforme.

Que nous dit cette histoire du passé? Dans quelle mesure cette histoire est-elle actuelle? Avant tout, c’est la priorité du premier commandement qui est en question: adorer uniquement Dieu. Là où Dieu disparaît, comme l’ont montré, à notre époque, les régimes totalitaires et comme le montrent également diverses formes de nihilisme, l’homme est rendu dépendant d’idoles qui le réduisent à l’état d’esclave. Deuxièmement, l’objectif principal de la prière est la conversion: le feu de Dieu qui transforme notre cœur et nous rend capables de voir Dieu et ainsi, de vivre selon Dieu et de vivre pour l’autre. En troisième lieu, les Pères nous disent que cette histoire d’un prophète est elle aussi prophétique, si – disent-ils – elle est l’ombre du futur, du futur Christ; il s’agit d’un pas sur le chemin vers le Christ. Et ils nous disent que nous voyons ici le véritable feu de Dieu: l’amour qui guide le Seigneur jusqu’à la croix, jusqu’au don total de soi. La véritable adoration de Dieu, alors, est de se donner soi-même à Dieu et aux hommes, la véritable adoration est l’amour. Et la véritable adoration de Dieu ne détruit pas, mais renouvelle, transforme. Certes, le feu de Dieu, le feu de l’amour brûle, transforme, purifie, mais précisément ainsi, il ne détruit pas, mais crée la vérité de notre être, il recrée notre cœur. Et ainsi, réellement vivants par la grâce du feu de l’Esprit Saint, de l’amour de Dieu, nous sommes adorateurs en esprit et en vérité.

L’école de prière de Benoît XVI / extraits (carmel.asso.fr)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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