Seigneur, apprends-nous à prier – 2

Benoît XVI

Seigneur, apprends-nous à prier – II

La prière n’est pas liée à un contexte particulier, mais elle se trouve inscrite dans le cœur de chaque personne et de chaque civilisation. Naturellement, lorsque nous parlons de prière comme expérience de l’homme en tant que tel, il est nécessaire d’avoir à l’esprit que celle-ci est une attitude intérieure, avant d’être une série de pratiques et de formules, une manière d’être devant Dieu avant d’être le fait d’accomplir des actes de culte ou de prononcer des paroles. La prière a son centre et plonge ses racines au plus profond de la personne; c’est pourquoi elle n’est pas facilement déchiffrable et, pour le même motif, elle peut être sujette à des malentendus et à des mystifications. Dans ce sens également nous pouvons comprendre l’expression: prier est difficile. En effet, la prière est le lieu par excellence de la gratuité, de la tension vers l’Invisible, l’Inattendu, l’Ineffable. C’est pourquoi l’expérience de la prière est un défi pour tous, une grâce à invoquer, un don de Celui à qui nous nous adressons.

Dans la prière, à chaque époque de l’histoire, l’homme se considère lui-même, ainsi que sa situation face à Dieu, à partir de Dieu et par rapport à Dieu, et il fait l’expérience d’être une créature qui a besoin d’aide, incapable de se procurer toute seule l’accomplissement de sa propre existence et de sa propre espérance. Le philosophe Ludwig Wittgenstein rappelait que prier signifie sentir que le sens du monde est en dehors du monde. Dans l’expérience de la prière, la créature humaine exprime toute la conscience de soi, tout ce qu’elle réussit à saisir de sa propre existence et, en même temps, elle se tourne entièrement vers l’Etre face auquel elle se trouve, elle oriente son âme vers ce Mystère dont elle attend l’accomplissement des désirs les plus profonds et l’aide pour surmonter l’indigence de sa propre vie. Dans le fait de regarder un Autre, de se diriger au-delà  se trouve l’essence de la prière, comme expérience d’une réalité qui dépasse ce qui est sensible et contingent.

Apprenons à demeurer davantage devant Dieu, Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ, apprenons à reconnaître dans le silence, dans l’intimité de nous-mêmes, Sa voix qui nous appelle et nous ramène à la profondeur de notre existence, à la source de la vie, à l’origine du salut, pour nous faire aller au-delà de la limite de notre vie et nous ouvrir à la mesure de Dieu, à la relation avec Lui, qui est Amour infini.

L’école de prière de Benoît XVI / extraits (carmel.asso.fr)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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