L’écharde dans la chair – 16

Jean-François Noel

Eloge de la sainteté ordinaire – XVI

Nous irons tous ensemble auprès du Père ou nous n’irons pas. S’il y a un versant négatif à la communion qui nous attache les uns autres – Si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ (Rm 5,12), écrit saint Paul – il y a un versant positif. Ce n’est pas parce que les saints nous ont largement doublés qu’ils ont quitté le troupeau.

Tout au contraire, comme dans tous les troupeaux, l’Eglise marche au rythme des plus petits d’entre nous. Non seulement des agneaux qui viennent de naître et de leurs mères qui les allaitent – ne seraient-ce pas les convertis, les catéchumènes? – mais aussi les pécheurs, les lourdauds, de ceux qui traînent la patte, de ceux qui ne savent pas où ils ont mal, à Dieu, à l’Eglise ou tout simplement en eux. Bien au chaud, à l’abri des vents contraires, on trouve tous les tièdes, les peureux que la chaleur du troupeau tente de réchauffer. Bien sûr, il y a les éclaireurs, ceux qui sont partis en avant qui reviennent par leur louange et leur intercession stimuler la marche de l’Eglise. Les saints sont les balises qui jalonnent son chemin.

Tout ce qui est en nous presque sans que nous le sachions, l’Eglise en vastes traits le traduit et le peint hors de nous sur une échelle de magnificence. Nos courtes impulsions aveugles sont épousées, reprises, interprétées, développées par d’immenses mouvements stellaires, écrit Paul Claudel. 

Jean-François Noel, L’écharde dans la chair – Eloge de la sainteté ordinaire (Desclée de Brouwer, 2011)

image: Duccio di Buoninsegna, La transfiguration (nationalgallery.org.uk)

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