Pouvoir du mal, visage de Dieu – 7

Pouvoir du mal, visage de Dieu – VII

Pour nous, la révélation de l’enfer, de sa coexistence éternelle avec la Bonté infinie de Dieu, demeure un mystère qui nous effraie par les lueurs qu’il jette dans les abîmes de notre coeur. Mais nous savons qu’il n’y a pas d’alliance possible entre le mystère et l’absurde ou la contradiction, que l’un est adorable, l’autre haïssable. Tous ceux qui refusent la révélation de l’enfer en la déclarant absurde commencent fatalement par la défigurer et ne s’en prennent qu’à ses caricatures.

Il reste que la lumière qui la manifestera nous est inconnue ici-bas. Elle est cachée derrière un rideau muet, dans le sein même de la Trinité. Ce n’est que lorsque nous serons passés de l’autre côté que se résoudront les questions ultimes, que cessera pour nous le scandale, que la Bonté divine nous apparaîtra infinie non seulement en tout ce qu’Elle crée, mais encore jusque dans les patiences qui Lui font tolérer la révolte de Ses créatures libres.

Tant que nous vivrons, la pensée de l’enfer nous bouleversera. Elle est une épine dans notre coeur. Elle nous provoque à trembler devant les jugements de Dieu, à mendier une foi plus pure, à supplier pour que soient forcées nos volontés rebelles, pour que nul d’entre les hommes ne résiste aux prévenances amoureuses de cette Bonté infinie dont l’apôtre écrit que c’est folie de se moquer.

Charles Journet, Le mal – Essai théologique (Saint-Augustin, 2013)

image: Jérôme Bosch, Le jardin des délices / Détail (euclides59.wordpress.com

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