Chemins de traverse – 841 / Jean-Michel Maulpoix

Jean-Michel Maulpoix

La présence nous est donnée, et c’est une joie qui pourrait nous suffire: celle d’être là, seul ou avec d’autres, en ce monde, une fois, une fois seulement, tenu en vie par notre souffle! Mais il y faut encore tous les mots de la langue pour en dire la teneur. Changer en voix, en chant peut-être, le souffle même de notre vie. Dire, dire encore cela, avec plus de force et de justesse. Dire ce qu’il en est de cette vie sur cette terre, avec celles et ceux qui sont là… Vous savez bien que nous aimons les Fêtes: il en faut aussi dans la langue que nous parlons! Nous voulons boire et manger ensemble, danser, nous réjouir, lancer des clameurs, applaudir ceux qui courent, nagent ou volent plus vite; nous aimons les voitures rapides; nous nous embrassons sur la bouche; nous ne sommes pas des enfants sages!
— Quelle sorte de lumière y a-t-il donc dans le mot jour? Quelle clarté vient baigner le temps de notre vie qui palpe ses bords et cherche ses rives dans le poème. Nous voulons des mers où nous en aller. Nous voulons des rivages d’où regarder claquer les voiles et les haubans.
— Les mots sont aussi des pas sur le rivage.

Jean-Michel Maulpoix, Le jour venu – La terre qui nous porte VIII (Revue Possibles No 56 – Mai 2020 (longueroye.free.fr)

image: Curio, Tessin / Suisse (2005)

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