Morceaux choisis – 426 / Thomas de la Rédemption

Thomas de la Rédemption

Un des ressorts fondamentaux de la crise est la souffrance éprouvée face à la distance qui s’est creusée entre l’idéal de vie que nous poursuivons et la réalité actuelle de notre existence. Nous sommes ici face à une tension aussi délicate que féconde. En simplifiant, on pourrait dire que le début du chemin, dans l’enthousiasme de la jeunesse, est tout entier tourné vers l’idéal et comme absorbé par sa lumière. Cet idéal est l’horizon vers lequel le jeune se propulse. Il lui donne, dans le meilleur des cas, la force nécessaire pour se détacher de sa vie passée et pour s’engager dans une vocation: le sacerdoce, la vie consacrée, le mariage, une mission particulière. Aucun sacrifice ne coûte alors tant on goûte déjà mystérieusement la douceur des fruits promis.

Les années passant, l’inévitable dose d’illusion et d’immaturité présente dans la première étape va être progressivement mise en question. Un déséquilibre apparaît. Ce qui devient patent alors est l’inexorable éloignement du but, des idéaux entrevus autrefois avec la part de plus en plus pesante d’un quotidien souvent décevant, rude par sa monotonie. Parfois, des actes directement contraires à l’idéal proposé ont plus gravement compromis la possibilité de continuer sur la même voie.

Cette prise de conscience des difficultés rencontrées peut s’opérer en plusieurs étapes de l’existence et rythmer ainsi la maturation d’une vocation. Chaque crise est alors un nouvel appel à donner un libre consentement au réel de l’existence, un réel vu non pas comme le tombeau de nos idéaux mais comme le berceau d’un amour chaque jour plus authentique. L’occasion d’un nouveau départ, une traversée.

Thomas de la Rédemption, L’heure de Dieu, dans: Revue Carmel No 157 / Traverser la crise, 3e trimestre 2015 (Editions du Carmel, 2015)

image: Carmel de Saint-Saulve, France (carmel.asso.fr)

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