Vous verrez le Ciel ouvert – 4

Vous verrez le Ciel ouvert – IV

Les entretiens de Charles Journet

Dieu n’est présent dans les mots où nous Le nommons que lorsque nous Le savons au-delà de ces mots. Cela est si vrai que nous éprouvons instinctivement le besoin, quand nous parlons à Dieu ou de Dieu, de briser en quelque sorte les mots les uns contre les autres pour élargir leur sens et contraindre l’esprit à passer outre. On dira par exemple que Dieu est à la fois plus manifeste et plus caché que nous le croyons; qu’Il est infiniment riche, n’a besoin de rien, que c’est même pour cela qu’Il est Dieu, et qu’en même temps Il est étonnamment indigent, puisqu’Il attend notre foi, nos renoncements, nos sacrifices, nos prières et, qu’Il est venu sur la terre pour mendier notre amour.

On dira que Sa parole résonne en toutes choses et en même temps qu’Il nous trouble par Ses silences. Vous voyez, il est nécessaire de s’élever assez haut pour penser à la fois de Dieu, des choses contrastantes. Il faut parler de Lui en déconcertant les habitudes; il faut user d’oppositions et presque de paradoxes. Alors nous serons plus sûrs d’avoir respecté Son mystère et Sa transcendance, car, dit l’apôtre, lui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. (1 Tm 6,16)

C’est ainsi, c’est en langage contrastant, que saint Augustin parlait de Dieu: Qu’êtes-Vous donc, ô mon Dieu? Très caché et très présent, très beau et très fort, stable et insaisissable, immuable et changeant tout, jamais nouveau, jamais ancien, rénovant toutes choses. Toujours actif et toujours calme, attirant tout sans avoir besoin de rien (Confessions).

Charles Journet, Entretiens sur Dieu le Père / extraits (Parole et Silence, 1998)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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