Vous verrez le Ciel ouvert – 11

Vous verrez le Ciel ouvert – XI

Les entretiens de Charles Journet

Ce nom pluriel du Dieu unique, nous l’apprenons aux petits enfants, en aidant leurs petites mains à faire le signe de la croix. Nous les initions, les orientons, pour autant qu’il nous est possible. C’est la maman qui dira ces beaux noms à son petit enfant dès le début, pour mettre sa vie sous l’ombre de la Trinité. Ils ne savent pas le sens de ces mots: Père, Fils et Esprit, mais à la manière dont leur maman leur en parlera, à cause de la profondeur avec laquelle ces mots auront été dits, par elle ou par les grandes personnes en qui ils ont confiance, ils comprendront, non pas les précisions mais l’essentiel, qu’un amour est caché sous ces mots, et que c’est la plus haute chose qu’on puisse leur dire. Un peu plus tard, au catéchisme, ils apprendront qu’ils ont été baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, que c’est à ce moment-là qu’ils sont entrés dans l’Eglise. 

Toutes les grandes choses, il faut les donner aux petits enfants. On dit: il ne comprennent pas. Et nous, est-ce que nous comprenons? Non, ce sont des choses qui nous dépassent, et c’est bon d’avoir à dire aux petits enfants, et à garder en nos coeurs, des trésors qui nous dépassent: Où est ton trésor, là aussi est ton cœur (Mt 6, 21). Et si ces choses sont grandes pour nous, il est impossible que nous nous tournions vers elles, si peu que ce soit, sans que quelque chose ait grandi en nous. Aux petits enfants on parlera du petit Jésus dans leurs premières années, puis on leur dira: Il est Dieu; et cette image du petit Jésus qui est Dieu suffira pour faire sortir de leur coeur de grands actes de foi, d’amour, très silencieux, comme dans une nuit intérieure, mais une nuit éclairée par ce beau nom de Jésus qui les fait entrer dans le mystère le plus haut de la Révélation chrétienne, le mystère de la Trinité, celui d’une pluralité de personnes à l’intérieur de la divinité.

C’est le mystère suprême, le plus caché, le plus silencieux. Il est évoqué dans la prière de l’Eglise par des paroles très brèves qui semblent s’arrêter au bord de cet Océan. Ces mots, Père, Fils et Esprit forment comme un vase dans lequel est contenu l’abîme de la profondeur divine, de Son amour, de Sa lumière, mystère ineffable auquel toute la Révélation chrétienne est suspendue.

Charles Journet, Entretiens sur la Trinité / extraits (Parole et Silence, 1999)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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