Morceaux choisis – 413 / Jean Debruynne

Jean Debruynne

L’Espérance ne viendra jamais qu’aux yeux brûlés, aux yeux perdus. L’Espérance ne viendra jamais qu’à ceux qui ne l’attendaient plus. Elle viendra le lendemain quand les fleurs seront fanées, quand les guirlandes en papier seront défraîchies, quand les décors seront démontés. Elle ne viendra que le lendemain quand les costumes seront au placard, les maquillages démasqués, quand le rimmel aura coulé et quand la scène sera vide.

Elle viendra pieds nus, à tâtons, comme un boiteux qui se met à danser comme un aveugle qui se prend à voir, comme un sourd qui, d’un seul coup, entend. L’Espérance viendra comme un matin frileux, comme un soleil encore dans son nuage. Elle entrera non par la grande entrée des artistes mais par le petit escalier des machinistes. Elle portera son vêtement des commencements et ses yeux de poème, ses deux mains de tous les jours, ses pleines mains de la réalité.

L’Espérance ne nous apportera pas ce que nous espérions mais ce que nous n’espérions plus. Elle viendra comme une étincelle, un enfant prodigue au moment que j’attendais le moins. Sa bouche ne sera qu’une parole grande ouverte comme le tombeau d’un Ressuscité.

Jean Debruynne, L’espérance (sitecoles.org)

image: tdg.ch

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