Morceaux choisis – 946 / Pape François

Pape François

Les gens peuvent développer certaines attitudes qu’ils présentent comme des valeurs morales: force, sobriété, assiduité et autres vertus. Mais, pour bien orienter les actes correspondant aux différentes vertus morales, il faut aussi se demander dans quelle mesure ils créent un dynamisme d’ouverture et d’union avec les autres. Ce dynamisme, c’est la charité que Dieu répand. Autrement, nous ne cultiverions peut-être que l’apparence de vertus, incapables de construire la vie en commun. C’est pourquoi saint Thomas d’Aquin – citant Augustin – affirmait que la tempérance d’une personne avare est loin d’être vertueuse. Saint Bonaventure, en d’autres termes, expliquait que les autres vertus, sans la charité, n’accomplissent pas strictement les commandements comme Dieu les entend.

La teneur spirituelle d’une vie humaine est caractérisée par l’amour qui est somme toute le critère pour la décision définitive concernant la valeur ou la non-valeur d’une vie humaine (Benoît XVI). Cependant, il y a des croyants qui pensent que leur grandeur réside dans l’imposition de leurs idéologies aux autres, ou dans la défense violente de la vérité ou encore dans de grandes manifestations de force. Nous, croyants, nous devons tous le reconnaître: l’amour passe en premier, ce qui ne doit jamais être mis en danger, c’est l’amour ; le plus grand danger, c’est de ne pas aimer (cf. 1 Co 13, 1-13).

Afin de clarifier en quoi consiste l’expérience de l’amour que Dieu rend possible par sa grâce, saint Thomas d’Aquin la définissait comme un mouvement qui amène à concentrer l’attention sur l’autre en l’identifiant avec soi-même. L’attention affective, qui est portée à l’autre, conduit à rechercher son bien gratuitement. Tout cela fait partie d’une appréciation, d’une valorisation, qui est finalement ce qu’exprime le mot charité: l’être aimé m’est cher, c’est-à-dire qu’il est estimé d’un grand prix. Et c’est de l’amour qu’on a pour une personne que dépend le don qu’on lui fait. L’amour implique donc plus qu’une série d’actions bénéfiques. Les actions jaillissent d’une union qui fait tendre de plus en plus vers l’autre, le considérant précieux, digne, agréable et beau, au-delà des apparences physiques ou morales. L’amour de l’autre pour lui-même nous amène à rechercher le meilleur pour sa vie. Ce n’est qu’en cultivant ce genre de relations que nous rendrons possibles une amitié sociale inclusive et une fraternité ouverte à tous.

Pape François, Tous frères / Fratelli tutti – Lettre encyclique sur la fraternité (Saint-Augustin, 2020)

image: Paolo Caliari detto Paolo Veronese, Matrimonio mistico di santa Caterina d’Alessandria (gallerieaccademia.it)

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