Vous verrez le Ciel ouvert – 28

Vous verrez le Ciel ouvert – XXVIII

Les entretiens de Charles Journet

La foi attend le jour de la vision de la Vérité divine; elle mendie le secours qui, dans la nuit de l’ici-bas, la fait adhérer à cette Vérité cachée. L’espérance attend le jour de l’entrée dans l’océan de la Bonté divine; elle mendie le secours qui ici-bas la rapproche de cette inimaginable rencontre. Et la charité qu’attend-elle, que mendie-t-elle? Elle n’attend rien pour elle, elle ne mendie rien pour elle.

Dans la foi et dans l’espérance, il y a deux sujets: celui qui mendie et Celui à qui on mendie. Mais dans la charité il n’est plus question de deux sujets. Celui qui mendie s’est oublié, il s’est perdu en chemin; il s’est transféré en Celui qu’il aime, il ne fait qu’un avec Lui, par unité d’esprit et d’amour. La charité se perd en Dieu pour tout voir de ce point de vue. Dans la mesure où il se laisse entraîner, ravir par la charité, l’homme ne songe plus à lui. Il ne se soustrait pas, certes, à l’empire et au rayonnement universels de la charité, simplement il s’en remet à un Autre de sa destinée. Tout son souci est de Celui qu’il aime. Il veut qu’à Lui remonte tout bien, même quand rien ne devrait lui en revenir (Saint Thomas d’Aquin). C’est alors qu’il commence de vivre non pour lui, mais pour Dieu. C’est alors qu’il commence d’être sans repos, et de supplier, et de mendier à Dieu que tout revienne à Dieu. Et que se découvre à lui le sens dernier des demandes du Pater: Qu’il soit sanctifié, Ton Nom – qu’il advienne, Ton Règne – qu’elle soit faite, Ta Volonté, comme au ciel, ainsi sur la terre. 

Qu’il descende, Ton Amour – qu’elle paraisse, Ta Gloire!

Charles Journet, Entretiens sur l’espérance / extraits (Parole et Silence, 1998)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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