Vous verrez le Ciel ouvert – 29

Vous verrez le Ciel ouvert – XXIX

Les entretiens de Charles Journet

Aller à la charité, qui est une perfection du ciel, c’est la raison d’être de notre vie: Au soir de ta vie, écrit saint Jean de la Croix, on t’examinera sur l’Amour. Et encore: En définitive, nous n’avons été créés que pour cet amour. Elle est perfection du ciel, et pourtant peut exister dès l’ici-bas. Une réflexion de saint Thomas d’Aquin sur ce qui différencie l’amour, le désir, la joie, nous le fera comprendre. Le désir, dit-il est d’un bien absent, la joie d’un bien présent. Et l’amour? Plus profond que le désir et la joie, il subsiste sous l’absence ou la présence de la chose aimée. Or la charité est un amour.

L’absence, ici-bas, du Bien-Aimé provoque dans l’âme touchée par Lui le désir de l’espérance; sa présence causera la joie du ciel. Mais, absent ou présent, le Bien-Aimé peut produire dans l’âme quelque chose de plus foncier encore que le désir et que la joie. Quoi donc? Une ressemblance de Lui-même, une parenté avec Lui-même qui la transforme en Lui. Bref, Il aimante l’âme. C’est cela qu’on appelle l’amour. C’est un vin qui ne se boit pas sans ivresse. C’est, en celui qui aime, une liquéfaction du coeur, une dilatation de l’esprit, une évasion hors de la finitude.

D’où le mont de saint Paul: L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée… Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité; mais la plus grande des trois, c’est la charité (1 Co, 8 et 13).

Charles Journet, Entretiens sur l’espérance / extraits (Parole et Silence, 1998)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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