Vous verrez le ciel ouvert – 40

Vous verrez le Ciel ouvert – XXXX

Les entretiens de Charles Journet

Si mon amour de Dieu pour Dieu est puissant, si j’aime Dieu avec une intensité folle, est-ce que vraiment je pourrai aimer encore d’autres choses que Lui? Le mieux ne serait-il pas de rester en Lui: mon Dieu, je ne veux aimer que Vous, personne d’autre que Vous? Il y a là-dedans quelque chose d’apparemment très généreux, mais en réalité c’est une aberration: si j’aime Dieu, je dois L’aimer comme Il est Lui-même, et non comme je le veux moi-même. S’Il est aimant les créatures, impossible que je L’aime sans aimer ce qu’Il aime.

Sainte Catherine de Gênes, après avoir été mariée, était demeurée dans la solitude, une solitude que Dieu Lui-même avait faite autour d’elle. Comme elle avait péché dans sa vie passée, elle était restée longtemps avant de se sentir complètement entrée dans la lumière de Dieu. Mais, arrivée à une intensité de passion d’amour, elle dit à Dieu: Maintenant, je ne peux aimer le prochain, il m’est impossible d’aimer quelqu’un d’autre que vous. Elle vécut quelque temps ainsi, puis il lui fut manifesté, dit-elle, que, puisqu’elle aimait Dieu, elle devait aimer aussi ceux qu’Il aime. Et alors elle se dévoua au prochain en allant dans les hôpitaux.

Tandis que pour sainte Catherine de Sienne, le bon chemin se présente tout de suite: La vraie voie, dit-elle, si tu veux avancer dans l’amour, c’est de supplier pour que le prochain grandisse dans l’amour. Dès le début, elle entre dans cette voie de la surabondance. Elle donnera sa vie pour l’Eglise et pour le salut du monde, n’ayant pas souci d’elle-même et de son propre progrès. Mais cela viendra comme par surcroît.

Charles Journet, Entretiens sur la charité / extraits (Parole et Silence, 1999)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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