Vous verrez le Ciel ouvert – XXXXI
Les entretiens de Charles Journet
La charité est la perfection et la fin vers laquelle il faut tendre. Il y a deux voies: la voie commune, celle de l’ensemble des hommes, qui permet la possession des choses extérieures, le mariage, et la libre disposition de la vie; et la voie qu’on appelle parfaite, celle des conseils: renoncer aux biens extérieurs, au mariage, à la libre disposition de soi-même. Deux voies pour aller vers quoi? Vers le sommet de la montagne, c’est-à-dire la perfection de l’amour. Et comment y accède-t-on? On monte à l’aide de l’Amour vers le sommet de l’Amour, et chacun sera jugé selon l’intensité de son amour, et non pas selon la voie qu’il aura choisie.
S’il était fait pour la voie commune, qu’il entre dans la voie commune; s’il fait cela dans un grand amour, il sera plus haut que celui qui aura choisi la voie raccourcie avec moins d’amour; seulement la voie raccourcie, à égalité d’amour, permet d’atteindre plus vite le sommet. Si quelqu’un vient me dire: dois-je entrer dans la vie religieuse ou rester dans le monde?, je ne réponds pas – c’est mieux d’entrer dans la vie religieuse, mais j’interroge: quelle est votre vocation intérieure? Sentez-vous que Dieu vous appelle à la vie religieuse? Si oui, ne restez pas dans le monde. Mais si Dieu vous appelle à rester dans le monde, n’entrez pas dans la vie religieuse, ce serait une catastrophe.
Il y a donc deux voies vers la sainteté, et non pas deux amours: il n’y a pas une sainteté pour les religieux, les prêtres, et une sainteté pour les laïcs. Une seule charité, et ceux chez qui elle est le plus intense seront les plus hauts dans le ciel.
Charles Journet, Entretiens sur la charité / extraits (Parole et Silence, 1999)
image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)
