Morceaux choisis – 567 / François Mauriac

François Mauriac

Ce besoin d’être pardonné qui a toujours été en moi, qui a été la chose du monde la plus répandue durant les époques de foi, en est la plus rare aujourd’hui: car la mort de Dieu, c’est en même temps celle de la conscience en nous de Sa volonté et de ce qu’elle exige de nous. Je me sens chrétien par la culpabilité qui me sépare de Dieu et par la foi aux moyens que l’Eglise met à ma portée pour tout recommencer, quoi que j’aie commis, à partir d’une page blanche.

Comme tous les sentiments humains, celui-ci offre un aspect médiocre ou même presque méprisable, mais aussi un aspect de noblesse et de sainteté. Ce qui appelle le mépris, c’est la recherche du confort spirituel si développée chez les âmes médiocres qui se croient saintes parce qu’elles sont scrupuleuses. Mais ce qui est digne de respect, dans le sentiment que je décris, c’est l’exigence de notre amour qui sait par expérience que le péché le sépare de Celui qu’il aime.

François Mauriac, Nouveaux mémoires intérieurs, dans: Oeuvres autobiographiques (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1990)

image: Jérôme Bosch, Le couronnement d’épines (letemps.ch)

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