Maurice Zundel
Parce que nous venons à la Messe, nous venons dans la divine Liturgie, nous venons comme l’Eglise rassemblée tout entière de toutes les extrémités de la terre, nous venons nous mettre au pied de la Croix et nous solidariser avec Lui. Justement à cause de cela, nous condamnons la condamnation que nous avons portée contre Lui, nous renions nos reniements, nous annulons les causes de Sa mort, nous Le détachons de la Croix et Il devient en nous le Dieu vivant et ressuscité.
Et c’est là le prodigieux itinéraire de la liturgie: c’est justement de récapituler, de récapituler toute l’histoire, toute l’histoire humaine depuis le commencement, de rassembler tous les siècles, de rassembler tous les hommes et de venir ensemble au pied de la Croix pour réclamer notre part d’opprobre et d’ignominie en nous solidarisant avec l’Agneau de Dieu, immolé pour nous. Et alors, je viens de le dire, comme nous renions nos reniements, comme nous annulons la condamnation du Seigneur, Il cesse en nous, Il cesse par nous d’être le Dieu crucifié et Il devient en nous le Dieu vivant, le Dieu de l’aube pascale, le Dieu ressuscité.
Et c’est d’ailleurs le sens même, le sens dernier de la Messe. Nous n’allons pas à la Messe pour nous, nous y participons pour sauver le monde entier, dans cet immense rassemblement où personne ne peut être exclu, mais bien plus encore pour détacher Jésus de la Croix, pour Lui donner un refuge dans notre amour, pour Lui donner à boire comme Il le demande et sur la Croix et à la Samaritaine, pour enfin, en Le recueillant comme Marie Le reçoit dans la déposition, pour Le recueillir en nous afin qu’Il puisse vivre en nous une vie sans limites et sans frontières, et qu’Il soit vraiment en nous le Dieu vivant et ressuscité.
Maurice Zundel, Le mystère de l’Eucharistie / extrait (mauricezundel.com)
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