Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)
O mon Maître! Quand je songe de combien de manières Tu as souffert sans l’avoir aucunement mérité, je ne sais plus que dire de moi, ni où j’avais l’esprit quand je désirais ne pas souffrir, ni encore où j’en suis maintenant lorsque je m’excuse. Tu le sais, mon Bien, s’il y a quelque chose de bon en moi, je ne le tiens pas d’autres mains que les Tiennes. Eh bien! T’est-il plus difficile, Seigneur, de donner beaucoup que de donner peu? Si je suis indigne de la faveur que je sollicite, je ne méritais pas non plus les grâces que Tu m’as faites. Et comment puis-je souhaiter que quelqu’un ait une bonne opinion d’une créature aussi mauvaise que moi, après que l’on a dit tant de mal de Toi, qui es le Bien au-dessus de tous les biens?
Cela ne se peut, ô mon Dieu, cela ne se peut! Et pour moi, ne permets pas qu’il y ait rien en Ta servante qui soit désagréable à Tes yeux. Tu le vois, Seigneur, les miens sont aveugles et la plus faible lumière leur est suffisante. Toi, mon Maître, éclaire-moi, fais que je désire sincèrement être abhorrée de tous, puisque je T’ai abandonné tant de fois, Toi qui m’aimais avec tant de fidélité.
Thérèse d’Avila, Le chemin de perfection, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)
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